Mon petit Suédois à moi

Tes cheveux sont blonds comme les blés et tes yeux bleus comme la mer.
Quant à moi, mes cheveux et mes yeux ont la couleur du chocolat.

Tu étais pourtant brun à ta naissance. Et il était encore trop diffile de percevoir la couleur exacte de tes yeux.
Tu me ressemblais alors vraiment. Je me suis même amusée, comme tous les jeunes parents, à ressortir des photos de moi bébé, et j’adorais montrer à notre entourage notre similitude.
Comme si j’étais fière.
Mais fière de quoi au final ? Qu’est-ce que cela change ?!

Cette différence physique entre nous maintenant, je la chéris car elle est aussi cette particularité qui nous lie.

Dire qu’avant je n’aimais pas les blonds ! Je les trouvais fades. Jusqu’à toi.
Toi, tu as du piquant.
A presque 17 mois, tu as déjà une sacrée personnalité et tu n’es clairement pas aussi lisse que le blond du sketch de Gad Elmaleh !

Quand les gens te voient, que ce soit la première fois ou non, ils restent ébahis devant toi. Et ne peuvent s’empêcher de jeter un regard instantané sur ton père et moi, nous demandant alors comment est-ce possible !

En général, la plupart du temps, on en rigole, et puis on se sent obligé de se justifier la seconde d’après.
« Alors, mon mari était blond quand il était petit, et pour les yeux, bah ça a sauté des générations et on a hérité de ce fameux gène ! ».

Je te surnomme même amoureusement « Mon petit Suédois à moi » et plaisante sur tes fausses origines ashkénazes.

Mais il y a aussi ces trop nombreuses fois où certains ont eu des paroles blessantes.
OK, certaines étaient peut-être justes, mais la vérité dite maladroitement parfois fait mal…

Oui, c’est vrai, à première vue ce n’est pas flagrant que tu es mon fils.
Mais punaise, c’est trop demander d’avoir un minium de délicatesse et d’éviter ce genre de réflexions sans aucun intérêt : « Il n’a absolument rien de toi! », « Tu es la seule à qui il ne ressemble pas en fait »…
Car je dois t’avouer mon fils que quand on ose me balancer qu’en plus tu ressembles à d’autres que moi (hormis ton père), je reçois une pique en plein coeur.
J’ai tellement bataillé pour être ta mère, j’ai du subir tant d’examens et de traitements…. Et ce n’est pas le corps d’une autre qui est passé par là à ma place.
Ce ne sont pas d’autres qui ont tant fait, tant pleuré et se sont tant relevés pour arriver à ce jour où je t’ai mis au monde.
Oui, je crois que j’ai besoin d’une certaine reconnaissance en quelque sorte. Car merde alors, je t’ai espéré, pleuré, porté et donné la vie, et on ose me dire que tu n’as rien de moi ?

Tu as tant de moi au contraire.
Tu as notamment ma sensibilité et ma force.
Le reste ne se décrit pas.
Tu as vécu 9 mois dans mon corps, et tellement d’années auparavant dans ma tête.
Nos coeurs et nos âmes sont inévitablement liés à jamais, et que tu sois brun, blond, roux, blanc, noir, cela n’y change rien.

Même si comme ton père tes cheveux fonceront sans doute plus tard et tu seras donc amené à davantage me ressembler, peu m’importe.
Pour le moment, je me laisse simplement éblouir par l’éclat de ta chevelure d’or et plonger dans l’océan de tes yeux..

Mon fils, n’écoute pas ce que les gens disent, je suis bel et bien ta mère, la seule et l’unique.
Et on s’en fiche pas mal si cela ne se voit pas forcément au premier regard !
Justement, il suffit d’un seul regard entre nous pour effacer cette différence que les autres pensent percevoir.
Toi et moi on sait ce qui nous unit.
On n’a pas besoin de calque pour s’aimer.
Et mon amour pour toi n’aurait pas été plus fort si tu avais été mon mini sosie.
Impossible.
Car dès l’instant où tu as fait ton nid au creux de moi, telle une mère, je t’ai aimé d’un amour inconditionnel…

2 commentaires sur “Mon petit Suédois à moi

Laisser un commentaire