Le jour d’après

Retrouver la vie de dehors.
Mon fils est aux anges, moi un peu moins. Beaucoup moins, en fait.
J’ai le cafard, lui est heureux. Tellement heureux.

Il faut dire que j’étais bien, moi, dans notre cocon à la maison.
Je m’y sentais rassurée et en sécurité. Notre cocon, c’était ma bulle enchantée.

Désormais il va falloir réapprendre à vivre autrement que cloisonnés entre nos murs. Autrement qu’entre nous trois.
Mais justement, j’étais bien, moi, entourée seulement d’eux deux, mon mari et mon fils.
Nous n’avons formé qu’un pendant huit semaines, et notre unité me réconfortait et me ressourçait.
L’amour débordait et cela me suffisait.

Aujourd’hui, l’amour déborde toujours et notre lien s’est renforcé, mais je dois avouer que ce confinement m’était précieux, voire nécessaire.
Car je ne me sentais pas prisonnière, je me sentais libre au contraire.

Libre de vivre au jour le jour, sans me poser de questions, sans vraiment me mettre de pression.
Libre de refouler la réalité pour me protéger.

Evidemment, ces deux mois n’ont pas été de tout repos. Les premières semaines ont été particulièrement difficiles et anxiogènes.
Beaucoup autour de moi ont été touchés par le Covid. Je me suis inquiétée pour les uns, pour les autres. Et, malheureusement, j’ai perdu des proches…
J’ai dû faire face à mes propres peurs aussi, moi la phobique de la mort.
Mais pour survivre dans ce contexte, il a fallu chasser ses idées noires et se relever, pour continuer d’exister et d’être dans la vie.

Alors, j’ai ri, chanté, dansé, joué.
Je me suis aussi énervée, parfois un peu ennuyée, j’ai crié, pleuré.
J’ai vécu intensément et tant appris en même temps.
J’ai appris à lâcher prise, à revoir mes priorités, à faire confiance et me faire confiance, j’ai appris à nouveau le sens de la vie, tout simplement.

~

Mardi 12 mai 2020, le jour d’après.
Mon fils re-découvre la nature, et moi la vie en société. Celle dont je m’étais finalement plutôt bien passée.
Je vois toutes ces personnes masquées et j’ai l’impression d’avoir été projetée dans univers parallèle ; je crois rêver.

Je ne parviens pas vraiment à profiter de l’instant présent.
Je me laisse porter sans penser, mais inconsciemment mes pensées me rattrapent justement.
Et sous mon masque, j’étouffe. Je suis comme enfermée dehors.

Lui ne s’attarde pas une seconde sur nos visages camouflés.
Il ne semble rien remarquer de différent, bien trop occupé à courir dans le bois, à observer les animaux, à jeter des cailloux dans le lac et à nous cueillir des fleurs.
Il est là avec son sourire éclatant et insouciant.
Il n’y a rien de plus beau que de voir le monde avec des yeux d’enfant…

Alors, à ses côtés, je vais réapprendre la vie de dehors.
C’est lui qui va me transmettre ce trésor.
Mon fils est ma plus grande et ma plus belle leçon de vie.
Et c’est à lui aujourd’hui que j’aimerais dire MERCI…

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