Des bouts d’coton dans ma mémoire

Il y a quelques jours, avant l’entrée en maternelle de mon fils, j’ai fait du tri dans sa chambre.
J’ai alors vu ces langes, ceux qu’il avait quand il était bébé…
En une fraction de secondes, sans que je ne le vois venir et malgré mon sourire, mon cœur s’était noué et ma gorge, serrée.

Ces langes…
Ils ont son odeur de nourrisson.
Notre odeur de fusion.
L’odeur des souvenirs magiques de sa naissance et des jours d’après.
Quand j’ai préparé ses affaires pour la maternité et que j’ai lavé ces langes, les ai repassés, pliés soigneusement avant de les ranger dans cette valise du bonheur…
Quand je les posais sur mes épaules et qu’après le repas il s’endormait recroquevillé contre moi…

À la simple vue de ce qui paraît pour certains être juste des bouts de tissu, la nostalgie m’a emportée.
Mais ces langes ont aussi réussi à me faire réaliser que je n’étais pas guérie de mes blessures infertiles.
Ils m’ont certes ramenée dans notre petit cocon des premiers temps, mais aussi propulsée dans ma réalité du moment.
Celle que je ne veux pas voir, pas entendre, pas sentir. Celle que je ne veux pas être.

Il a suffi de tomber sur ces simples langes pour à la fois me ramener en arrière et m’éjecter dans le futur.
Est-ce que je parviendrai un jour à avoir un autre enfant…?

Mon fils a quitté la crèche, fait ses premiers pas à l’école maternelle, il devient un « grand ».
Finis donc les langes, les couches, les biberons, les bodys, les petits pots !
Enfin, pas vraiment puisque j’en vois justement tous les jours dans le cadre de mon travail, j’utilise notamment les langes pour envelopper délicatement les nouveau-nés à qui je fais le bain thalasso.
Mais il a suffi de ceux de mon fils pour réaliser que cette douleur si particulière ne m’a jamais vraiment quittée.
Je ne sais pas si je pourrai revivre ces premiers moments-là, ceux qui mêlent les odeurs de lait et de lessive bébé, et mon cœur en est comme pincé.

Être maman ne m’a pas rendue plus fertile.
Elle a juste rendu ma souffrance invisible.
Encore plus dans l’ombre qu’avant, en se sentant presque illégitime d’être parfois triste.
Chaque jour, je me rends compte de la chance inouïe que j’ai, d’avoir mon fils.
Je pense tellement souvent à ceux qui se battent pour devenir parents…
Mais voilà, la mélancolie me gagne de temps en temps.
Après deux FIV échouées depuis la naissance de Dan, et particulièrement difficiles à supporter, j’ai décidé de me laisser vivre.
Naturellement, sans traitement à subir, sans rythme infernal de rendez-vous médicaux, de piqûres, d’échographies, d’espoirs, d’échecs.
J’ai décidé de me laisser porter, tout simplement.
Quand l’envie sera plus forte que tout, peut-être que je replongerai dans ce parcours du combattant.
Ou peut-être pas. Seul le temps nous le dira.

En attendant, je profite de chaque instant avec mon fils, de sa naissance jusqu’à présent.
Et puis, il sera toujours mon bébé, quoiqu’il en soit.
Même quand à son tour il deviendra Papa, il restera mon petit bébé à moi !

Ma mère a toujours dit : « Chaque âge a ses plaisirs », et c’est bien vrai.
J’aime chaque période de notre vie, sans regret.
Celle où Dan n’était encore que dans nos rêves les plus fous.
Celle où il était dans mon ventre à me donner des coups.
Celle de notre séjour à la maternité.
Celle où il a fait ses premiers pas avec fierté.
Celle où il a dit ses premiers mots.
Celle où il est entré à l’école avec son cartable sur le dos…

C’est notre histoire qui m’y a aidée.
À réaliser chaque jour la chance que j’ai…
Merci mon bébé, merci mon grand garçon…
Et merci ces bouts d’coton.

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