Chaque grossesse est unique et apporte son lot de surprises.
Nous ne sommes pas toutes égales face à ce flot d’hormones qui nous envahit.
On a beau nous rabâcher que c’est merveilleux de porter la vie, pour certaines cela peut s’avérer être un cauchemar, entre nausées incessantes, décollement du placenta, contractions prématurées, diabète gestationnel, et j’en passe.
Pour certaines, ce moment si particulier devient alors difficile tant leur santé peut être mise à rude épreuve.
Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir une grossesse presque sans encombre.
« Presque », car j’ai notamment eu le droit à une magnifique nécrobiose de fibrome ! Et, croyez-moi, j’aurais préféré m’en passer…
Il y a les autres aussi.
Celles pour lesquelles l’épanouissement semble à son comble.
Celles qu’on voit dans les téléfilms, qui portent leur ventre rond à merveille et qui sont sublimes tout le long de ces 9 mois, sans qu’une ombre n’apparaisse au tableau.
Mais au final ce n’est ni tout noir ni tout blanc. On a chacune nos anecdotes, nos petites péripéties de grossesse, plus ou moins marquantes. Ces souvenirs, bons ou mauvais, sont gravés en nous.
Aujourd’hui, je voulais vous faire partager un texte que j’ai écrit lors de ma grossesse et alors que je subissais ce qu’on appelle donc une nécrobiose de fibrome.
En deux mots, un fibrome utérin est une tumeur bénigne faite de tissus musculaires et qui peut le plus souvent passer inaperçu… sauf quand il décide de se nécroser, autrement dit de faire un infarctus.
C’est une complication plutôt rare m’a-t-on dit, mais il a fallu que ça tombe sur moi !
Et dire que quand on m’avait découvert mes fibromes, on m’avait sorti « Oh, ce n’est pas important ça, c’est banal et ça ne risque rien, pas besoin de s’y attarder ». Hum, hum…
Je me souviens encore des mots du médecin de l’hôpital lors de ma venue aux urgences : « Madame, ça fait un mal de chien, vous allez souffrir, mais on ne peut rien faire d’autre à part patienter »…
J’ai eu de la chance dans mon malheur, cet épisode n’a finalement pas entraîné de contractions prématurées comme cela aurait pu être le cas. Et mon autre fibrome est resté quant à lui bien sage, ouf !
Alors, après avoir évidemment pleuré de douleur (c’était si intense qu’ils m’avaient proposé de me mettre sous morphine si mon traitement de compèt ne suffisait pas), je ne me suis pas vraiment plainte.
En fait, tant que je savais que cela n’était pas grave, ni pour mon bébé, ni pour moi, je prenais mon mal en patience.
Et puis, comme à mon habitude j’ai pris du recul et relativisé.
J’ai pris conscience, davantage encore, de la chance que j’avais d’être enceinte et que mon bébé et moi soyons en bonne santé.
Cette douleur, je le savais, n’était qu’une question de temps.
Pour évacuer ma souffrance, je me suis alors adressée directement, sur le ton de l’humour, à celui qui m’accompagnait à sa façon pendant une partie de ma grossesse :
« Mon cher Fifi,
Cela fait quelques mois à peine que j’ai fait votre connaissance, toi et ton pote.
Je t’avoue qu’au début j’étais un peu méfiante quand on m’a présenté à toi, puis j’ai écouté mon entourage qui me disait que tu étais plutôt un bon gars en général ! Je leur ai donc fait confiance, je T’AI fait confiance.
Et je n’aurais sans doute pas du…
En effet, cela fait déjà plusieurs semaines que tu me colles aux basques, d’une manière plutôt vicieuse. Et tu as tenté de rendre ma vie infernale !
Tenté je dis bien mais tu n’y es pas totalement parvenu (eh non mon chéri, désolée de te décevoir).
Pourtant au début de notre rencontre tu étais gentil mais sans plus, ce qu’il fallait quoi, tu étais même plutôt distant et franchement ça m’arrangeait. Je n’avais certainement pas envie qu’un inconnu me fasse la cour !
Ton pote, quant à lui, a tout de suite mis les points sur les I avec moi, je fais partie de sa vie maintenant mais je ne l’intéresse pas plus que ça. De temps en temps il vient me rendre visite mais il se fait plutôt discret en général, et c’est tant mieux, on est donc sur la même longueur d’ondes lui et moi.
Mais toi, que dire à ton sujet…?
Tu ne peux pas t’empêcher de me provoquer ! Toujours un pic à m’envoyer comme pour signaler ta présence (pas très sympathique au demeurant).
Alors voilà, depuis ces dizaines de jours, tu tentes souvent de me pousser à bout et de faire de ma vie un enfer. Tu m’as fait beaucoup pleuré tu sais…
Oui, car tu m’as fait souffrir faut l’avouer, tes pics et tes couteaux dans le dos (ou plutôt dans le ventre) m’ont fait me poser beaucoup de questions.
Mais que veux-tu bon sang ?? Qu’attends-tu donc de moi ??
J’en ai même parlé à des spécialistes.
Ils ont compati à ma douleur, m’ont dit qu’avec le genre de spécimen que tu es et dans ce cas bien précis, je n’avais pas d’autre choix que de prendre mon mal en patience.
Chose que j’ai faite et très vite.
Mais tu persistais, tu continuais à me harceler, et à me rendre la vie dure.
Mes nerfs ont parfois lâché, mais je gardais en tête que toi et moi ce n’était pas une affaire « grave ». Oui, on m’avait quand même prévenu que même si tu cherchais à me faire du mal, tu n’irais jamais bien loin, et que je ne risquais pas grand chose avec toi dans les parages.
Alors, bon, au début je te répondais, je t’insultais et je suppliais Dieu que tu me laisses tranquille. Puis, j’ai commencé à me dire qu’il valait mieux tenter de t’ignorer, de faire ma vie sans toi.
J’ai donc pris mes distances avec toi, mais ça, ça a eu le don de te rendre fou !
Et, petit à petit, tu as bien vu que tes manigances ne m’atteignaient presque plus, et là tu as du faire face à la réalité : Toi et Moi c’était fini.
Ça a été dur pour toi de t’éloigner de moi malgré le fait que je te poussais vers la sortie depuis un bon moment, mais finalement tu t’es raisonné. ENFIN !
Toutefois de temps en temps tu ne peux pas t’empêcher de venir me relancer, je ne t’en veux pas trop, je sais que tu t’es attaché à moi, et d’ailleurs je sais qu’on restera lié à vie.
Mais bon, tant que ta présence auprès de moi ne me nuit pas plus que ça, je l’accepte.
Dis-moi, mon cher fibrome, ça te dit qu’on reste amis ? »