Inséparables

Je n’ai jamais aimé les rentrées.
Ça et les dimanches soir, c’est tout ce qui me fout le cafard.
Voir en rayon des supermarchés les fournitures scolaires suffit pour me donner l’angoisse. C’est pour dire.

Je n’ai jamais aimé les rentrées, certes, mais depuis que mon fils va à la crèche, elles ont un goût encore plus amer.

Après des semaines à temps plein avec eux, mon Roi et mon Prince, il est venu le temps de nous séparer.
Et à mon cœur, de se briser.

J’aurais tant aimé pouvoir continuer notre vie à trois, rien qu’à trois.
Sans avoir à penser au lendemain.
Simplement se laisser guider par notre rythme, ensemble, en harmonie.

J’aurais tant aimé pouvoir profiter sans limite du sourire de mon fils, de sa joie de vivre, de son rire.
Sans avoir ce stop qui nous barre la route.

J’aurais tant aimé pouvoir arrêter cette horloge et son tic tac qui résonne en moi.
Sans avoir à penser au nombre d’heures jusqu’à nos retrouvailles.

Et même si j’admets que s’occuper de son enfant toute la journée n’est pas de tout repos, je donnerais tout ce que j’ai pour passer encore davantage de temps avec mon bébé, qui n’en est d’ailleurs plus vraiment un.
En fait, je suis partie en vacances avec un bébé et je suis rentrée avec un petit garçon !

J’aurais tant aimé pouvoir encore passer mes journées à lui courir après et lui dire des dizaines de fois « Attention », « Non, Dan, c’est dangereux ! », « Ne touche pas, tu vas te faire mal mon amour »…

Mais ça y est, les vacances sont terminées et Papa et Maman doivent retourner travailler…

Alors, on lui a parlé.
Je lui ai expliqué avec mes mots doux qu’il allait retrouver ses copains adorés et découvrir plein de nouveaux jouets.
J’ai mimé la joie et l’euphorie.
Mais mon coeur à moi n’est pas dupe, il pleure même déjà.

˜

Quelques jours avant cette fameuse rentrée, mon ventre s’est mis à se nouer.
Je réalisais que c’était la fin de notre merveilleux séjour en trio, la fin de l’insouciance des vacances et le retour à notre réalité, celle de notre séparation.

En l’accompagnant ce matin-là, sur la route de la crèche, je me dis dans ma tête: « Profite de chaque seconde encore car il ne reste plus que quelques minutes avant de le laisser ! ».

Ma gorge se serre, comme si on l’avait cadenassée.
Mais évidemment, je prends sur moi. Pas le choix.
Je ne veux surtout pas l’angoisser lui alors que je sais déjà qu’il appréhende ce moment.
Lorsque je sens que mes émotions sont à vif, je pense aussitôt au fait que je sais qu’il y sera heureux une fois le chagrin de notre séparation passé, et le savoir épanoui, au milieu de ses amis, cela n’a pas de prix.

Les retrouver le soir, mon mari et mon fils, souriants et détendus, me couvrant de bisous, voilà mon pansement.
Et puis finalement, nous trois sommes inséparables.
Car quand mes deux amours ne sont pas physiquement à mes côtés, ils sont dans mon coeur et mes pensées.

J’avoue toutefois que la maman louve que je suis grogne quelque peu au fond d’elle-même d’avoir à laisser mon bébé chaque matin…  Mais ma force prend le dessus et je me raisonne.
Je repense à cette phrase lue dans un livre magnifique: « Je t’aime parce que tu es mon enfant mais que tu ne seras jamais à moi »…
Aussi difficile que cela puisse être, il faut savoir laisser son enfant voler de ses propres ailes afin qu’il gagne en confiance et en indépendance.

Je sais que beaucoup de parents s’empressent que leurs enfants reprennent le chemin de l’école ou de la crèche.
Car s’occuper d’un enfant à temps plein n’est pas une mince affaire, et surtout quand ce sont les nôtres et qu’ils se permettent donc plus de bêtises qu’avec d’autres !
On est souvent épuisé et attendons qu’un rythme « normal » reprenne.

Pour le moment ce n’est pas ce que je ressens.
Je n’ai qu’un seul enfant et il est encore petit, c’est sans doute la raison.

Et c’est justement parce que c’est mon seul enfant, et qu’il pourrait rester mon unique, que je veux encore plus profiter de chaque heure, chaque minute, chaque seconde à ses côtés.
Car ce temps-là, toute cette évolution, ses caps passés, ses joies, ses peines, ses rires, ses pleurs, je ne sais pas si je les revivrai avec un autre, alors ce temps-là est à mes yeux encore plus précieux…

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