De l’ombre à la lumière

Ce que cette caméra fixe, c’est moi. La femme discrète qui déteste se voir à l’image…

Avant, c’était justement moi qui étais dans l’ombre, derrière l’objectif à interviewer des gens. C’est eux qui se confiaient. Pas moi.
Il y a quelques jours, les rôles se sont inversés et je me suis retrouvée de l’autre côté pour témoigner, raconter mon vécu, celui d’une infertile devenue maman.

Cet entretien filmé n’était qu’un avant-goût de ce qui m’attendait ensuite.
J’allais devoir surmonter mes peurs et m’affronter au regard d’inconnus, dans cette trop grande salle à mes yeux, sur cette estrade trop imposante pour moi, et avec ce micro trop lourd à porter pour ma main moite…

Tout a commencé quand ce laboratoire pharmaceutique m’a contactée.
On m’a proposé de participer à leur projet et j’ai tout de suite accepté.
Leur initiative ? Sans en dire trop pour respecter la confidentialité requise, il s’agit tout simplement de faire évoluer ce qui traite à la fertilité, et améliorer la relation patient-médecin lors de parcours en PMA notamment.

Forcément, leur démarche m’a touchée.
On voulait connaître mon histoire, mon ressenti, mes attentes.
Il faut dire que depuis cette épreuve qui a bouleversé ma vie, je me sens comme chargée d’une mission.
Celle de lever le tabou autour de l’infertilité pour permettre de libérer la parole de ces couples en souffrance.
Celle d’accompagner et d’aider à ma manière, en trouvant les mots de celles et ceux qui ne parviennent pas à le faire.
Celle de faire taire les mauvaises langues et évoluer les mentalités.
Celle de diffuser un message de soutien mais aussi et surtout d’espoir.

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Pour moi, ceux qui disent qu’on oublie tout une fois notre enfant dans les bras ont tort.
Au contraire, je ne peux pas oublier d’où je viens et les quatre années de galère qui m’ont menée à mon fils.
Toutes ces années de combat contre mon propre corps ont changé celle que j’étais.
Elles ont fait voler en éclat ma naïveté et mon insouciance, mais elles m’ont fait prendre conscience de la valeur inestimable des moments passés avec mon bébé-miracle.

C’est donc tout naturellement qu’aujourd’hui, j’ai encore plus envie de partager mon histoire et de continuer de me battre.
Surtout pour ceux qui ne sont pas encore parents et qui désespèrent de le devenir.
C’est à eux que je pense maintenant.
Évidemment, une partie de moi souffre toujours de mon infertilité. Je ne sais pas si je parviendrai un jour à agrandir notre famille…
Mais aujourd’hui mon combat est surtout le leur, celui de ces couples dans l’attente interminable.

Dieu m’a permis de devenir mère, il m’a offert le plus merveilleux des cadeaux. Et s’il a décidé que j’allais y arriver de cette manière, c’est, j’en suis sûre, pour une raison bien particulière.
Peut-être que cette lourde épreuve m’a été envoyée pour que je puisse à mon tour accompagner ceux qui la vivent, ces femmes surtout, dont le ventre vide les tord de douleur.

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Je suis arrivée dans cette salle de conférence la gorge nouée. J’avais peur.
J’ai vu les caméras, les spots et surtout ces nombreuses rangées, alors vides.
Mais dans quoi je m’étais embarquée ? Comment allais-je pouvoir aligner deux mots devant du monde, sans céder à la panique ?

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Je savais que j’allais devoir me confronter aux regards de ces inconnus, pour la plupart gynécologues.
Il ne fallait pas que je perde mes moyens.
J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai témoigné face à ces médecins.
Ainsi, une fois de plus, même hors consultation, je me suis mise à nu devant eux…
Et, une fois de plus j’ai du supporter leurs regards parfois critiques.

J’ai répondu aux questions posées par l’intervenante principale, et comme c’était convenu, cela n’a pas duré très longtemps.
Quel dommage, j’avais encore tant à dire…
Je ne peux pas résumer mon parcours d’infertile en quelques phrases.
Je n’aurai jamais assez de TOUTE UNE VIE pour en parler.

Mais je suis fière de l’avoir fait. Et je continuerai à prendre la parole comme je le fais aussi ici sur le blog. Et pourquoi pas un jour publier un livre (mon rêve absolu)…
C’est bête, mais c’est ainsi que je me sens utile.
J’ai alors l’impression d’agir et d’apporter ma pierre à l’édifice.

Pour avoir mon fils, c’était l’inverse. C’est l’équipe médicale qui agissait, et moi qui subissais.
Tel un cobaye, j’étais passive et attendais les instructions.

Aujourd’hui, je prends en quelque sorte ma revanche.
Moi qui ai souffert trop longtemps dans l’obscurité du silence, je suis enfin passée de l’ombre à la lumière…

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